POLICIER POLICIERS POLIZEI

Brigade de la circulation

En 1905, de plus en plus de plaintes parviennent sur le bureau du commandant au sujet de chauffeurs commettant des infractions diverses. Ordre général N° 158 du 14 août 1905:

«Ensuite de plaintes fréquentes et dans la plupart des cas, justifiées, je viens vous rappeler la circulaire No 378 du 6 juillet 1905, du Département des travaux publics, invitant tout spécialement la Gendarmerie à sévir énergiquement dans tous les cas où les chauffeurs enfreignent le Règlement intercantonal sur les automobiles et cycles et vous invite à réagir et à redoubler de surveillance en observant les directions claires et précises enfermées dans ladite circulaire, afin de dénoncer les délinquants trouvés en défaut.»

Le sergent Geneux, en 1916, appliquait encore ces directives:

«…J’avais été appelé en renfort à Coppet en raison d’une forte circulation. Il s’agissait de contrôles sommaires qui consistaient à établir la vitesse des véhicules, au moyen de l’aiguille des secondes de nos montres, sur un parcours déterminé. La vitesse dans les localités était limitée à 18 kilomètres à l’heure. Une marge de sept à huit kilomètres à l’heure était tolérée. Dès lors, au-delà de vingt-cinq kilomètres, nous établissions une contravention, qui était très souvent contestée par les Genevois de passage à Coppet…»

Après une période de trois mois afin d’informer les usagers, les généralistes s’appliqueront, de jour comme de nuit, au respect de la Loi sur la police des routes, du 1er janvier 1909.

Une succession d’accidents graves dans le canton a ému la population et les députés du Grand Conseil. Le 13 mai 1929, lors d’une séance, M. le député Vallotton – Warnery, appuyé par plusieurs politiciens interpella le Conseil d’Etat afin que celui-ci envisage des mesures pour enrayer ce fléau.

Le Conseil d’Etat décida de créer au sein de la Gendarmerie deux brigades de circulation. Celles-ci furent actives dès l’été 1930 et le commandant Champod désigna le caporal Louis Clavel, matricule 2493, premier responsable de la police de circulation, qui commandait huit sous-officiers et gendarmes, répartis en deux brigades comme suit:

  • un caporal;
  • un gendarme chauffeur;
  • deux gendarmes motocyclistes;

Chaque brigade disposait de:

  • 1 automobile;
  • 2 motocycles;
  • 1 appareil de photo

Pour ces véhicules achetés d’occasion, il s’agissait d’une «Jordan» 21 CV, d’une «Studebacker-Erskine» 17 CV, de deux motocyclettes «Motosacoche» 500 cc, d’une motocyclette «Royal Enfield» 500 cc et d’une «Condor» 500 cc.

Les missions attribuées à ces spécialistes se résumaient à :

  • exercer une surveillance suivie du trafic;
  • réprimer les abus des chauffards, des conducteurs téméraires et en état d’ivresse;
  • éduquer tous les usagers de la route.

 

En cette année, 722 constats d’accidents avaient été transmis aux juges de paix. En 1932, l’on dénombrera 846 accidents, dont 35 morts et 592 blessés. Très rapidement, les structures changent, et dès le 1er juin 1932 :

«En vue d’une simplification, l’organisation en service des brigades de la circulation est modifiée comme suit, à partir du 1er juin 1932 : le personnel des brigades est placé sous le commandement du chef du Dépôt, qui commande le service ordinaire suivant les directives du commandant. Les chefs de brigade font rapport au commandant, de qui ils reçoivent les directions générales de service et ordres spéciaux. Les chefs de brigade sont responsables du matériel qui leur est confié. Toute proposition d’achat ou de réparation doit être soumise au commandant par l’intermédiaire du comptable du Corps. Le laboratoire de photographies est tenu par le gendarme Taverney, mat. 2570, sous la surveillance des chefs de brigade.»

En 1934, l’effectif des brigades de circulation s’élèvera à 20 gendarmes, répartis dans 5 brigades et 5 gendarmes motocyclistes remplaçants. Quatre ans plus tard, l’effectif se montera à 24 gendarmes et 6 remplaçants, répartis en 6 brigades. En automne, la même année, la Gendarmerie revend les deux voitures du début et achète trois «Oldsmobile» neuves pour 18000 fr. Pendant les cinq ans de guerre, ces automobiles seront abandonnées dans un garage.

 

Surveillance des axes routiers à bicyclette !

En septembre 1939 la guerre éclate. Rapidement, le manque de carburant et de pneumatiques oblige la Gendarmerie à réduire ses activités motorisées. En 1940, les brigades, de six qu’elles étaient, passent à trois. Un horaire de service des brigades est édicté, pour la surveillance des axes routiers à bicyclette !

 

Il s’agit de 20 parcours variant entre 17 et 33 kilomètres. Par exemple la route Lausanne – Genève était partagée en quatre tronçons aller-retour.

Parcours No 1
(matin: 0730-1200) : Lausanne – Préverenges et retour à bicyclette (25 km).
Parcours No 2
(après-midi: 1330-1900) : Lausanne – Tolochenaz – Caroline) et retour à bicyclette (32 km).
Parcours No 3
(matin: 0800-1130) : Nyon – Morges en bicyclette (27 km); Lausanne – Nyon et Morges – Lausanne en train.
Parcours No 4
(après-midi: 1200-1800) : Morges – Nyon en bicyclette (27km); Lausanne – Morges et Nyon – Lausanne en train.

 

A part l’axe précité, ce principe de surveillance à bicyclette, le matin dans un sens et l’après-midi dans l’autre était appliqué pour les axes suivants:

  • route Lausanne – St-Maurice;
  • route Lausanne – Berne;
  • route Lausanne – Neuchâtel;
  • route Lausanne – Cossonay – La Sarraz – Orbe – Yverdon. Au terme de la guerre, le commandant Cornaz, conscient de la reprise du trafic routier, augmente l’effectif des hommes et les dote de «Chevrolet Station-Wagon» et de «Bel-Air».

Hormis les interventions et les contrôles, la Gendarmerie a dû réagir à une succession d’accidents mortels. En 1950, par exemple, la Gendarmerie ouvre un stand, lors du Comptoir Suisse» du 9 au 24 septembre. Le slogan choisi «Prudence et courtoisie». Dans un compte-rendu du Conseil d’Etat, il est relevé :

« …Les agents de la force publique ont consacré leurs forces à la prévention des accidents. Ils se sont ingéniés à trouver des moyens suggestifs pour attirer l’attention des conducteurs d’une manière attrayante et efficace.»

Pour le passage du Tour de France les 3 et 4 juillet 1952, le dispositif mis en place comptera 79 gendarmes, 5 patrouilles en moto, ainsi qu’une brigade de circulation (7 hommes) et 5 brigadiers motocyclistes.

En 1953, l’Etat fournit à la Gendarmerie la première machine d’héliographie pour l’établissement des rapports d’accident et des croquis. Ceux-ci transmis aux assurances dégageront un bénéfice de 15000 fr.

Dès 1956, les voitures de service seront munies d’une remorque pour le transport des appareils de stéréophotogrammétrie dont vient d’être dotée la Gendarmerie. C’est en 1963 que seront attribués des fourgons d’intervention pour ranger le matériel des spécialistes.

En 1959, le personnel de la police de la circulation est composé de six brigades de huit hommes. Ces groupes sont subordonnés au chef du bureau de la circulation. L’accroissement du nombre de véhicules rend nécessaire la présence d’un chef du matériel roulant, (fonction qui existe encore aujourd’hui), ainsi que d’un mécanicien gendarme secondé par un civil.

Selon les instructions du 19 décembre 1959, le commandant fixait la rotation des services. Un bref aperçu rappelle:

Service 1: réserve de jour en cas d’accident (0730-1830).

Service 2: police de la route l’après-midi et 2e réserve de nuit en cas d’accident. Ecritures le matin.

Service 3: Réserve de nuit en cas d’accident (1830-0730), au cours de laquelle une partie du personnel fait deux patrouilles.

Service 4: Police de la route le soir ou l’après-midi. Ecritures le matin.

Service 5: Police de la route le matin. Ecritures l’après-midi.

Service 6: Congé.

 

En 1960, l’augmentation considérable des véhicules à moteur constitue une charge toujours plus lourde pour la police. Dès lors, il y a lieu de mettre un peu d’ordre sur les routes. Une première décentralisation s’effectue. Le commandant décide de répartir cinq membres des brigades dans le canton, alors que quatorze hommes, déjà dans les postes, seront chargés plus particulièrement de la police de la route. Ces «spécialistes» avaient pour mission de patrouiller sur les axes routiers, avec une moto de l’Etat ou avec leur motocyclette privée. Dans ces années-là, le réseau routier cantonal comprenait 567 km de routes principales et 1541 km de routes secondaires, et 263 km de traversées de localités.

Le 21 avril 1961, les deux premières «Volvo» blanches sont livrées. Quelques années plus tard, ces machines seront noires et blanches. La 100e machine de cette marque sera achetée en 1976. C’est en 1983, que le noir sera remplacé par des bandes orange sur les véhicules de service.

 

Les brigadiers avaient tout un matériel technique à disposition:

 

– deux remorques complètement équipées pour les constats d’accidents avec la stéréophotogrammétrie;

– un fourgon muni d’une installation radar «Telefunken» avec appareil photographique et flash incorporé, pour le contrôle de la vitesse;

– 5 éthylomètres pour la détermination de l’alcoolémie;

– un jeu de bascules portatives pour le pesage des poids lourds;

– des sonomètres, des dispositifs de contrôle d’éclairage, des appareils photographiques «Rolleiflex» et des installations de haut-parleurs.

 

En 1959-1960, débute la construction de l’autoroute Lausanne-Genève, qui sera inaugurée lors de l’Exposition nationale de 1964 dans la capitale vaudoise. Une brigade de l’autoroute est alors formée et prendra possession du poste provisoire de Rolle, le 27 mai 1963.

 

Dans le même temps, le Bureau de la circulation se réorganise. Le lieutenant Graber devient chef de la circulation et gère:

 

  • les brigades de circulation stationnées en caserne;
  • le bureau de la circulation;
  • les archives de la circulation;
  • les brigades spécialisées de l’autoroute;
  • le matériel roulant de la gendarmerie;
  • les laboratoires de photographie;
  • l’organisation avec les chefs d’arrondissements des services des gendarmes décentralisés des brigades;
  • de la brigade de la prévention routière;
  • de l’instruction au personnel pour affaires de circulation;
  • de la formation des gendarmes en matière de circulation.

 

30 avril 1964! L’Exposition nationale.

Sans entrer dans les détails, le commandant Mingard disait de cet événement :

 

«…Il s’agit de la plus importante manifestation dans le domaine de la circulation que la Ville de Lausanne et le Canton aient jamais mise sur pied……Pour nous gendarmes, elle est le début de la plus vaste opération que nous aurons à organiser dans le domaine de la circulation……Pendant six mois, elle exigera de chacun un effort exceptionnel. Les millions d’automobilistes suisses et étrangers vous verront à l’oeuvre et vous jugeront; des centaines de policiers confédérés collaborant avec vous auront les yeux fixés sur vous…»

(Ce discours, en d’autres termes, sera le même en mai 2003, pour le Sommet d’Evian.)

Le service journalier permanent d’alors était le suivant:

  • 80 gendarmes;
  • 50 agents de la police de Lausanne;
  • 18 policiers confédérés;
  • 120 militaires;
  • 15 patrouilleurs scolaires.

Lors d’événements importants:
(e.g. Fête des costumes suisses)

  • 185 policiers;
  • 159 sapeurs-pompiers;
  • 23 militaires (pol route)

 

Le dispositif de la Gendarmerie prévoyait également une observation aérienne, au moyen d’un «Piper Super-Cub», tandis que la police de Lausanne disposait d’un hélicoptère.

Le rapport final releva quelques dysfonctionnements de liaisons entre le dispositif au sol et l’aéronef de la gendarmerie. Les moyens techniques à disposition n’avaient pas permis de résoudre ce problème. Lors du Sommet d’Evian, les 1er, 2 et 3 juin 2003, la faiblesse du système de transmissions a fait l’objet des mêmes remarques!

Les chiffres que nous ont laissés nos prédécesseurs montrent bien que la circulation était bien une priorité. Sur les 716’446 véhicules parqués pendant l’exposition, seuls 36 vols ont été perpétrés dans ceux-ci! En comparaison, pour 2002, 2698 plaintes ont été enregistrées pour des vols dans et sur des véhicules, pour l’ensemble du canton. En 1970 débute la construction de l’autoroute du Léman, impliquant l’ouverture du Centre de Rennaz, le 5 octobre 1970.

 

En 1975, les brigades de la circulation quitteront la caserne de Lausanne, pour rejoindre le Centre de la Blécherette.

 

En 1976, l’organisation de la circulation a atteint son objectif. Toutes les brigades convergent sur le Centre de la Blécherette, pour la prise de services, avant de rejoindre leur Centre AR respectif. Désormais, 12 brigades sont centralisées et forment:

  • une section d’intervention;
  • une section trafic sur les routes cantonales;
  • une section autoroute;

soit 130 sous-officiers et gendarmes qui assurent la surveillance du réseau routier et 9 hommes rattachés à la prévention routière.

 

Dès 1980-1981, commence la construction du tronçon autoroutier Lausanne – Yverdon-les-Bains. Ce dernier axe sera desservi par le Centre d’Yverdon, ouvert le 17 novembre 1982. L’ouverture des tronçons partant d’Yverdon se fera en 2001 et engendrera l’ouverture d’un nouveau centre le 10 mai 2001, en remplacement de l’ancien devenu désuet.

Au cours de ces années, de nombreuses modifications d’horaire et d’organisation ont été testées, afin d’optimiser la présence des gendarmes dans le canton. Cette réarticulation imposait le regroupement des forces de la Gendarmerie (personnel de la circulation et des postes) dans des Centres d’Intervention Régionaux (CIR).

Date:23 mai 2014